Alcoolisme : peut-on en guérir ?

alcoolismeL’alcoolisme est un fléau.

En France, l’alcool est responsable de 50.000 décès chaque année.

Il est la deuxième cause de mortalité après le tabac.

La consommation excessive ou mal contrôlée d’alcool a des effets négatifs sur la santé du buveur, mais aussi sur sa vie familiale, sociale et professionnelle ainsi que sur sa sécurité et celle des autres.

L’alcool est une drogue, que l’on pourrait qualifier de « dure ».

Elle bénéficie pourtant d’un traitement particulier.

Elle est autorisée et banalisée dans la plupart des pays du monde et sa consommation est parfois même encouragée.

Dans ce contexte, il est très difficile de différencier la consommation saine et contrôlée de la dépendance à l’alcool.

Et même une fois identifiée, le traitement de l’alcoolisme reste complexe, à la fois pour des raisons sociales et médicales.

L’alcoolisme est très difficile à définir

« Alcoolisme social », « dépendance psychologique », « dépendance physique », qu’est-ce qui se cache derrière ces mots ?

L’alcoolisme est une maladie complexe.

Contrairement à un cancer, une grippe ou une fracture, il est impossible d’établir un diagnostic tranché, d’observer clairement la présence d’un trouble à l’aide d’une prise de sang, d’une radio ou d’un scanner.

Si le diagnostic est rendu si complexe, c’est que la dépendance intervient sur différents plans, psychologiques et médicaux, qui sont interconnectés et se nourrissent l’un et l’autre.

L’alcool peut être dangereux même sans alcoolisme

Même si l’on considère souvent qu’une consommation devient problématique à partir de trois verres par jour pour un homme (deux pour une femme), on ne peut pas définir de manière aussi catégorique si une personne est alcoolique ou non juste en calculant sa consommation quotidienne.

Une personne devient alcoolique lorsque sa consommation n’est plus contrôlable ou qu’elle a des effets négatifs sur sa vie sociale, familiale ou professionnelle.

Le rôle d’écoute du médecin ou du psychologue est donc fondamental.

La consommation d’alcool prolongée peut également avoir des effets irréversibles sur la santé sans que le patient ne soit pour autant entré dans une dépendance à l’alcool.

Boire régulièrement peut notamment contribuer à l’apparition de certains cancers, de cirrhoses, de troubles digestifs ou encore de problèmes neurologiques pouvant affecter la mémoire ou l’équilibre.

Quand la dépendance s’installe

La dépendance commence à s’installer lorsque l’envie de boire devient un besoin pour mieux dormir, pour s’exprimer en public, pour affronter sa journée ou pour faire disparaître des symptômes physiques liés au manque (tremblements, dépression, délires, hallucinations…).

Les molécules d’éthanol composant l’alcool ont un effet direct sur le circuit de la récompense situé dans le système limbique et ont tendance à dérégler ce dernier.

Autrement dit, l’alcool qui était vu comme un plaisir par le cerveau au début (par la production de dopamine) devient, après une forte consommation prolongée, un besoin (afin de ne pas atteindre un taux de dopamine que le cerveau considèrerait comme trop bas).

La dépendance physique à l’alcool est l’une des dépendances les plus graves.

Elle met plus de temps à se mettre en place que pour d’autres drogues, notamment les opiacés.

On ne devient pas bien sûr alcoolique du jour au lendemain, à la suite d’une soirée étudiante ou en buvant un verre de rouge chaque dimanche en mangeant son poulet rôti.

Mais une fois la dépendance installée, il est extrêmement difficile de s’en défaire et les cas de rechute sont très fréquents après le sevrage.

On pourrait presque dire qu’une personne alcoolique sera dépendante toute sa vie.

L’alcoolisme ne se traite pas facilement

L’une des difficultés majeures dans le sevrage alcoolique est qu’il n’existe pas de produit de substitution à l’alcool, à l’inverse de la nicotine ou d’autres drogues telles que l’héroïne.

Les produits de substitution permettent un sevrage en douceur, en fournissant à la personne la dose de la substance réclamée par son corps tout en supprimant le plaisir qui peut être lié à sa consommation, les effets psychotropes qui peuvent être néfastes ou dangereux et les risques pour la santé.

L’exemple le plus courant de ces produits de substitution est le patch utilisé dans le sevrage du tabac.

Il permet au fumeur de recevoir de manière régulière la dose de nicotine à laquelle le corps du patient s’était habitué sans pour autant faire subir à ses poumons les effets néfastes du goudron d’une cigarette.

Des médicaments contre l’alcoolisme ?

Dans le cas de l’alcool, le sevrage devra se faire sans substitution.

La personne devra traverser une période de manque.

C’est pourquoi ce type de sevrage est souvent vécu comme une épreuve et demande un soutien fort des proches et du corps médical.

Toutefois, le sevrage s’accompagne la plupart du temps d’une prise de médicaments, permettant de réduire les douleurs et l’état dépressif liés au manque.

Mais la recherche sur le sujet continue de faire de nouvelles découvertes, et de nouveaux médicaments tels que le Selincro® (qui agit sur le système limbique de manière à réguler l’envie de boire sans la supprimer pour autant) commencent à émerger.

L’alcoolisme est une addiction banalisée

Si l’alcoolisme est stigmatisé, la consommation d’alcool ne l’est pas.

Ce comportement de nos sociétés face à l’alcool, même s’il ne pose pas de problème pour les buveurs occasionnels, peut engendrer une confusion et des difficultés pour les personnes en sevrage et leurs proches.

Dans le sevrage d’une personne héroïnomane par exemple, tout est fait pour sortir le patient du milieu qui l’a mené à cette consommation.

La composante sociale et l’environnement de vie sont primordiaux.

La personne tente donc de changer de monde, de créer de nouvelles relations sociales, de se couper de ses dealers.

Beaucoup aiment poursuivre leur cure par un séjour loin de chez eux, là où ils ne connaissent personne, là où personne ne les tentera.

Cette mise à l’écart du milieu de consommation est très difficile dans le sevrage de l’alcoolisme tant la consommation d’alcool est banale et présente partout, en ville comme à la campagne, dans les milieux aisés ou précaires.

Chaque pot de départ au travail, chaque vin d’honneur pour un mariage, ou chaque apéritif entre amis peut devenir un véritable calvaire.

De plus, l’alcool étant en vente libre, les tentations sont partout.

Le moindre village français possède son bar, qui est souvent le lieu de ralliement et de rencontre par excellence.

Prévenir plutôt que guérir

La dépendance à l’alcool peut mettre du temps à s’installer.

Il est donc souvent difficile de savoir placer des limites claires pour ne pas tomber dans une consommation problématique.

Pour être sûr de garder le contrôle, faites des breaks.

Passez des journées ou des semaines entières sans boire une goutte d’alcool pour voir si votre corps réagit.

Évitez à tout prix d’avoir une consommation quotidienne.

Évitez également de boire seul ou d’utiliser l’alcool comme un médicament pour mieux dormir, pour vous calmer, pour lutter contre la dépression.

Boire un verre doit rester un plaisir, pas un besoin !


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