Loi de Parkinson : pourquoi sommes-nous toujours débordés ?

Loi de ParkinsonLa loi de Parkinson est une règle fondamentale à prendre en compte dans notre organisation, au travail, mais aussi dans notre vie personnelle.

Son nom lui vient de Cyril Northcote Parkinson, qui en 1955 écrit un article dans le journal The Economist pour développer sa théorie.

Après une étude auprès d’administrations britanniques (dont deux ministères), il arrive à une conclusion : tous les fonctionnaires qu’il étudie finissent leur travail juste à temps.

Selon ses observations, les travailleurs n’ont pas tendance à prendre de l’avance, à finir leurs tâches avant la date limite.

Est-ce la preuve que les échéances fixées par les administrations outre-Manche sont toujours calculées avec exactitude ?

Ce n’est pas son avis.

Selon lui, cela montre surtout que nous avons tendance à occuper tout le temps imparti à une tâche.

Selon lui, si un employé est capable d’effectuer un travail en une semaine, tout laisse penser que s’il dispose d’un mois il mettra un mois à le faire.

Lors de son étude, Parkinson remarque que le nombre de fonctionnaires augmente d’environ 6% par an, sans que la charge de travail ne s’alourdisse selon lui.

Il note pourtant que les fonctionnaires qu’il étudie sont toujours autant occupés.

Il en déduit que les êtres humains sont capables, et même ressentent le besoin d’occuper le temps qui leur est imparti.

C’est ce que l’on appelle la loi de Parkinson.

L’effet « dernière minute » explique en partie la loi de Parkinson

La loi de Parkinson s’observe tout particulièrement lorsque nous sommes à l’école ou faisons des études, que nous avons des devoirs à rendre ou que nous devons nous préparer pour des examens.

Nous sommes alors souvent bien plus efficaces quelques jours avant les examens que le reste de l’année.

Il est difficile d’être productif lorsque l’on a du temps devant soi.

C’est psychologique, nous avons tendance à travailler de manière plus efficace à mesure que la date limite approche.

Pourtant, souvent, nous ne commençons pas à étudier la veille de l’examen (enfin pas tout le monde…).

Nous assistons à des cours, faisons des exercices… Mais notre attention est moins forte, notre capacité de mémorisation moins importante que lorsque l’échéance approche.

Il en est de même au moment des examens.

Beaucoup d’étudiants rendent leur copie à la dernière minute, écrivant parfois leur dernière phrase alors que le professeur leur arrache leur copie des mains.

Qu’est-ce qui justifie sur une épreuve de deux heures que la moitié des étudiants aient besoin de « cinq minutes de plus », soit deux heures et cinq minutes ? Rien.

Si pour le même sujet l’épreuve durait une heure, ils adopteraient une méthodologie de travail différente, et ne réclameraient pas à la fin du temps imparti de bénéficier de soixante-cinq minutes supplémentaires.

Est-ce parce que nos échéances sont trop éloignées que nous n’arrivons pas à travailler vite ?

La loi de Parkinson implique que l’on s’invente des choses à faire

Selon Parkinson, nous comblons systématiquement le temps disponible par des tâches à accomplir, comme un gaz remplit toujours un volume en s’étendant au maximum.

Mais que faisons-nous donc de notre temps ?

L’être humain a une capacité étonnante à se créer du travail là où il n’y en a pas besoin, par la création de nouvelles hiérarchies, de nouveaux rapports, de nouveaux projets, de nouvelles méthodologies…

Si le secteur privé, dont le but premier est la rentabilité, tente souvent d’éliminer ce type de « bullshit jobs », surtout dans les petites structures, les grandes entreprises et administrations sont souvent minées par ces tâches inutiles, rendant l’organisation du travail incompréhensible et n’agissant pas au service de la rentabilité ni du bien-être des travailleurs.

La loi de Parkinson ou l’importance d’avoir une échéance

Au-delà de critiquer la gestion des services publics britanniques des années 50, Parkinson nous enseigne un point fondamental avec sa loi : la nécessité d’avoir une échéance pour se lancer dans un projet.

Que nous montions une entreprise, rénovions notre maison ou créions notre site Internet, nous avons besoin de savoir quand cela doit être terminé, à partir de quand notre entreprise doit être rentable, à quelle date nous comptons emménager ou mettre en ligne notre site.

Sans cela, nos projets ont de grandes chances de passer à la trappe, d’être relégués à la liste des choses à faire pendant les vacances ou à la retraite, bref, on ne finit jamais rien !

Il est même intéressant de se fixer des échéances plus courtes que ce qui nous est demandé, de finir un rapport un jour avant l’échéance ou d’être préparé pour un examen une semaine à l’avance.

Cela permet d’être moins stressé, de libérer du temps, mais parfois aussi de mieux remplir ce temps d’autre chose…

La productivité est déconnectée du temps de travail

La loi de Parkinson nous démontre que ce n’est pas en augmentant le temps de travail que l’on améliore la productivité.

N’en déplaise à nos hommes politiques qui dans leurs débats font le lien depuis des décennies entre productivité et temps de travail, on ne produit pas forcément plus en travaillant plus.

Les pays les plus productifs sont souvent les pays qui ont le moins d’heures de travail hebdomadaires, comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore la France, tandis que de nombreux pays qui accumulent un temps de travail très long sont au contraire très peu productifs, à l’image de la Corée du Sud, l’un des pays où l’on passe le plus de temps au travail, mais où chaque heure travaillée produit deux fois moins de valeur qu’aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Australie.

Bien entendu, le temps de travail n’est pas le seul critère influant sur la productivité des travailleurs d’un pays.

Il faut également prendre en compte les secteurs d’activité, les infrastructures, l’éducation…

En réalité, pour beaucoup d’emplois, il n’est pas constructif de parler de temps de travail.

Il serait plus efficace de parler de charge de travail.

Appréhender le travail par rapport au temps qu’on y consacre est adapté à certains métiers pour lesquels on doit tenir un poste, pour un gardien, un caissier ou un médecin de garde.

La journée de huit heures est parfaitement adaptée aux ouvriers se relayant jour et nuit à un « poste de travail » dans une chaîne de montage.

C’est ce que l’on appelle les « trois-huit ».

Mais cette conception temporelle du travail est un pur produit de la période industrielle qui est bientôt derrière nous.

Il est peut-être temps de repenser la manière dont nous définissons le travail !


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Commentaires

2 réponses à “Loi de Parkinson : pourquoi sommes-nous toujours débordés ?”

  1. Avatar de Charlotte VALLET

    Bonjour,

    Juste un petit commentaire pour dire au combien la notion de temps de travail et de productivite est souvent inversement proportionnelle, et particulierement dans les metiers dis de « creation ». C’est bien connu que plus on se tue a la tache, plus on est fatigue, plus on est lent, moins creatif et desinvesti… donc improductif. Travaillant aux Pays-Bas les managers ont bien compris que de depasser un certains nombre d’heures de travail ne servait absolument a rien, et que si un projet a besoin de plus de temps c’est a cause d’une mauvaise estimation niveau planning et non le devoir de l’employe de faire des heures sup’ (surtout que la bas, les heures supplementaires sont un manque a gagner pour tout le monde, donc on les evite au maximum) 🙂
    Je suis de la generation Y et c’est vrai que je vois petit a petit la difference de mentalite dans le marche du travail et comment ca a change deja entre la generation de mes parents et la mienne. Nos grand-parents restaient toute une carriere au meme endroit avec un management plus de l’ordre de « l’entreprise familliale » avec une valeur de l’humain bien differente, mes parents commencaient a changer tout les 5-10 ans et nous on reste rarement plus de deux ans au meme endroit, d’autant plus que le management actuel exploite plus l’affectif humain que ses qualites professionnelles, ce qui peut etre nefaste sur le long terme.

    Enfin bref, tout ca pour dire que ca change petit a petit, et a taton, car c’est pas les politiques qui poussent au changement dans ce domaine, mais plus les marches.

    En tout cas super article, comme toujours 😀

    Bonne journee,

    Charlotte

    1. Avatar de Adrien
      Adrien

      Bonjour Charlotte.
      Merci pour ce commentaire. Je suis on ne peut plus d’accord avec vous, surtout sur la productivité dans les métiers créatifs.
      Très bonne journée

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