Le racisme est un état d’esprit qui prospère dans beaucoup de pays d’Europe.
Face aux inégalités, à l’insécurité, au chômage et à la précarité, beaucoup ont besoin de retrouver des repères simples, de suivre des modèles dans lesquels le bien et le mal seraient très distincts et aisément identifiables.
Mais ces schémas simplistes appauvrissent à la fois l’esprit et les réflexions, qu’elles soient personnelles ou sociétales…
7 milliards d’autres
Le racisme, ce n’est pas le fait de considérer qu’il y a différentes cultures.
Personne ne peut nier que le monde est fait de mille et une cultures, langues ou dialectes et manières de vivre en société différentes. Seulement une culture ne peut pas être vue comme un vase clos.
On pourrait même considérer qu’il y a autant de cultures qu’il y a d’hommes et de femmes sur notre belle planète.
Nous sommes tous le résultat de nos interactions, de notre éducation, des règles explicites ou implicites qui ont structuré notre manière de vivre avec les autres à la maison, à l’école, au travail, avec nos amis ou dans notre couple…
Il faut voir la question culturelle comme un continuum. Il est impossible de tracer des limites fermes entre des groupes de personnes qui soient homogènes physiquement ou culturellement.
C’est en fait là que nait le racisme, dans une conception figée des peuples, dans leur classification en « races » (puisque c’est de là que vient le terme).
Le racisme n’est ni sentiment ni une opinion, il est une conception (erronée) du monde et de l’être humain.
Le besoin de classifier rassure
Avoir un modèle rassure toujours, que ce modèle soit valide ou non.
Comprendre ses névroses par le spectre de la psychanalyse ou analyser la géopolitique à la lumière d’enseignements religieux nous apporte des certitudes réconfortantes. Expliquer des problèmes économiques ou sécuritaires à l’aide de considérations ethniques rassure également.
Se construire une identité en se sentant membre d’un groupe, qu’il soit ethnique, politique, religieux, philosophique, ou national, c’est avant tout avoir des certitudes sur qui on est.
Le racisme pourrait donc être vu de manière pathologique comme le symptôme d’une angoisse et une tentative de la faire baisser.
Identifier des catégories sociales, culturelles ou raciales permet de projeter ses peurs et ses colères.
En temps de crise, nous avons tendance à diviser les populations en groupes opposés : les chômeurs et les travailleurs, les riches et les pauvres, les patrons et les salariés, les jeunes et les vieux, les étrangers et les nationaux, les hommes et les femmes… Bien souvent, l’un des groupes est donné comme responsable des malheurs de l’autre groupe.
Le racisme, et les discriminations en règle générale sont le symptôme d’une angoisse que l’on rejette sur l’autre.
S’inclure dans un groupe, se sentir appartenir à une communauté est bien souvent un moyen de se rassurer, de se sentir soutenu dans une identité partagée.
Mais s’inclure dans une communauté, c’est également en exclure les « autres ».
Le racisme limite la créativité
Avoir des idées racistes est néfaste pour la créativité. C’est en tout cas ce que tendent à montrer les recherches de Carmit Tadmor, un psychologue israélien, publiées dans la revue scientifique Psychological Science.
Raisonner en termes de catégories et de stéréotypes est de manière générale contre-productif intellectuellement, et ce quel que soit le domaine.
Un cuisinier pensant que tel aliment se cuisine de telle manière n’aura jamais l’occasion d’inventer de nouvelles recettes.
Les personnes les plus créatives sont celles qui parviennent à créer des ponts, à imaginer les choses différemment.
Ce sont celles qui pensent que l’on peut remplacer les pommes par des poires dans la tarte Tatin, que la Terre peut être ronde alors que tout le monde la croit plate, qu’une femme peut devenir directrice d’une grande entreprise ou qu’une personne de couleur peut devenir président de la première puissance mondiale.
Les personnes peu créatives, c’est-à-dire celles qui peinent à penser autrement que dans un modèle figé, ont-elles plus de chances de sombrer dans les idéaux racistes que les autres, ou à l’inverse, les personnes racistes s’empêcheraient-elles de penser en dehors de modèles stricts par peur du doute et de l’angoisse qui l’accompagne ?
Il est aussi difficile de le savoir que de répondre à la question « qui de l’œuf ou de la poule est apparu en premier ? ».
Plus que de vouloir classifier les humains en « racistes » et « non-racistes », cette étude nous montre surtout le lien entre ouverture d’esprit et créativité.
Elle prouve que les préjugés et les schémas préconstruits, même s’ils peuvent rassurer, bloquent la réflexion et l’inventivité dans la recherche de solutions ou de nouvelles manières d’appréhender le monde.
En faisant un gros raccourci, on pourrait en conclure que les personnes racistes ont tendance à être moins futées que la moyenne.
Le racisme mine le vivre ensemble
Les comportements racistes nuisent donc au fonctionnement mental de ceux qui y adhèrent, mais pas uniquement.
Les idées racistes présentent une vision binaire du monde, en classifiant les êtres humains comme appartenant ou non à des groupes, et en leur attribuant ou non des caractéristiques que l’on confère généralement au dit groupe.
Certaines ethnies seraient plus travailleuses que d’autres, plus ou moins sportives, plus ou moins morales ou éthiques.
Ce mode de raisonnement simpliste mine les relations sociales entre les individus.
Dans le monde de l’entreprise, à l’école, dans les médias, en politique, supposer les opinions ou les capacités d’une personne en raison de son sexe, de sa couleur de peau ou de sa religion est une manière de figer une société dans une vision qu’elle a d’elle-même, de l’empêcher d’évoluer.
Le racisme est un cercle vicieux. L’être humain a une fâcheuse tendance à devenir ce que l’on pense qu’il est, à se conformer au rôle social que la société lui attribue.
Le racisme est avant tout une vision figée de l’être humain. Les préjugés en général, qu’ils soient à l’égard des femmes (ou des hommes), des personnes handicapées, âgées ou étrangères sont les facteurs d’un certain du mal-être ambiant dans une société.
Combattre le racisme et les préjugés est donc bon pour votre esprit, mais aussi pour toute la société !
Laisser un commentaire