Les actes manqués sont des actions que l’on effectue sans s’en rendre compte, apparemment absurdes et surtout sans aucune logique.
Comme son nom l’indique, il s’agit d’un raté, d’une erreur qui ne serait pas due à un manque de compétence, de force ou de vigilance, mais à une action involontaire de notre esprit, à une sorte de sabotage de notre inconscient.
On parle par exemple d’actes manqués quand une personne « oublie » de régler son réveil la veille d’un rendez-vous très important, ou encore lorsque l’on envoie un message amoureux à la mauvaise personne.
Plus dramatiques, les suicides ratés sont bien souvent des actes manqués.
Dans beaucoup de cas, ce ratage n’est pas prémédité, il n’est pas conscient.
Selon certains, ces actes manqués auraient une signification. Ils ne seraient pas le fruit du hasard.
Attention toutefois aux interprétations hâtives.
1. Les lapsus : des actes manqués dans le dialogue
Le plus significatif des actes manqués est certainement le lapsus.
Il s’agit le plus souvent de paroles dites ou écrites de manière erronée et changeant le sens de notre phrase.
On parle par exemple de lapsus lorsque l’on appelle une personne par le nom de quelqu’un d’autre, lorsque l’on omet une négation, ou lorsque l’on remplace un mot par un autre, par exemple lorsque l’on dit à son meilleur ami qu’il est « très gros » alors que l’on voulait lui dire qu’il « très beau » ou lorsque Nicolas Sarkozy annonce qu’il veut donner plus de moyens à « l’injustice » au lieu de « la Justice ».
Mais les lapsus ne s’expriment pas uniquement dans les paroles dites, ils peuvent aussi être dans leur compréhension. C’est le cas du « lapsus auditif », qui signifie le fait de comprendre un mot à la place d’un autre.
2. D’où viennent nos actes manqués ?
C’est Freud qui le premier a mis en lumière les sources inconscientes de nos actes manqués.
Selon lui, ces actes ou ces paroles dans le cas des lapsus seraient révélateurs d’une expression inconsciente.
Ils seraient une manifestation de désirs refoulés, dus à un conflit entre notre conscient et notre inconscient.
Prenons par exemple une situation dans laquelle nous prolongions une conversation téléphonique plus longtemps que nécessaire et que cet écart nous fasse rater un rendez-vous important comme un entretien d’embauche.
Ici, il existerait un conflit entre notre conscient qui voudrait se rendre à cet entretien pour décrocher l’emploi et notre inconscient qui exprimerait par exemple notre peur de ne pas être prêt, de ne pas avoir le poste ou de devoir quitter ses collègues actuels.
L’acte manqué (le fait de faire durer la conversation) serait donc une manière pour notre inconscient de saboter cette prise de risque du conscient jugée trop dangereuse.
Faut-il avoir peur des actes manqués ?
Selon Sigmund Freud, tout symptôme est une « tentative de guérison ».
Il ne faut donc pas voir l’acte manqué ou tout autre symptôme comme quelque chose de négatif, de destructeur, de nocif.
Dans son ouvrage Psychopathologie de la vie quotidienne, il ne décrit pas l’acte manqué (ou psychopathologique) comme un échec.
Au contraire, il le considère comme un acte réussi de notre esprit qui réalise ainsi un désir inconscient.
Pour reprendre l’exemple précédent, le fait de faire annuler un entretien d’embauche est une réussite de l’inconscient qui est parvenu à empêcher le conscient de prendre un risque.
Notre inconscient ne prend pas forcément les bonnes décisions, mais il exprime des peurs, des angoisses, des besoins qu’il est bon de prendre en compte.
Il est donc intéressant d’être à son écoute sans pour autant lui faire une confiance aveugle.
Lorsqu’il provoque un acte manqué, l’inconscient tente (à tort ou à raison) de nous protéger d’un danger, celui d’exprimer une opinion ou un sentiment, de prendre l’avion et de s’éloigner d’un être cher ou encore de retenir une pulsion qui ne demande qu’à s’exprimer.
Même si un lapsus ou un acte manqué peut nous paraître handicapant, déplaisant ou embarrassant, il a généralement une utilité pour notre psychisme.
3. Attention aux interprétations hâtives
Certains de nos oublis, lapsus et maladresses ont certainement un sens, une signification. Beaucoup d’autres en revanche sont le fruit du hasard.
En fait, il est très difficile de savoir si une erreur est un acte manqué ou si elle est juste due à un moment de distraction.
Quoi qu’il en soit, tout le monde tente de comprendre les significations de tous nos faits et gestes.
Les plus religieux y verront des messages divins alors que les psychanalystes tenteront de rationaliser notre manière d’agir, nos erreurs de langage ou nos étourderies.
En réalité, il ne faut pas voir des actes manqués partout ni tomber dans la paranoïa d’une expression tous azimuts de notre inconscient.
Dire « cul » au lieu de « cru » ne veut pas forcément dire que vous êtes un obsédé sexuel.
De la même manière, rater un avion ne signifie pas forcément que vous ne voulez pas partir.
Notre esprit fonctionne de manière bien plus complexe.
Il est influencé par de nombreux facteurs conscients, inconscients, environnementaux, physiologiques, médicaux, sociologiques…
Il est donc très hasardeux de vouloir donner des explications simplistes à nos comportements.
Attention donc aux interprétations sauvages.
Le mieux reste encore de parler de ces questions avec des professionnels de la psychologie ou de la psychanalyse qui seront à même de prendre du recul sur votre situation.
Laisser un commentaire