Conflits d’intérêt, mésententes, jugements personnels trop hâtifs, trop grande liberté que peuvent s’accorder les autres membres de notre environnement…
Les situations pouvant mener au clash sont nombreuses et représentent de véritables turbulences psychologiques.
Nous connaissons en effet les retombées de la colère et de l’expression d’un mécontentement manifeste : cela créé des tensions, nous pousse à exagérer les reproches, à perdre en objectivité et à défendre notre point de vue de manière agressive.
L’individu étant perpétuellement en quête d’affirmation personnelle, voilà qui est compréhensible, me direz-vous. Et en cela, vous auriez raison.
Il semble normal de vouloir prendre sa place et de réagir aux attaques et autres critiques formulées à notre égard.
Le problème, c’est qu’étant directement impliqué dans ces situations conflictuelles, on en oublie parfois d’analyser les événements de manière posée, en prenant en considération les arguments des deux parties.
L’autre est nécessairement « mauvais » et notre légitimité renforcée par l’image de « victime ».
Si le jeu du « qui a tort qui a raison » peut parfois procurer une certaine satisfaction, il est surtout destructeur pour notre relationnel.
Fondamentalement, une prise de bec reste un simple incident de parcours, pouvant être surmonté, à condition de comprendre que les interactions humaines sont faites de compromis, d’efforts et de tentatives de compréhension des écarts de valeurs ainsi mis en évidence.
D’une manière personnelle, nous devons apprendre à faire évoluer la signification même d’« apprendre à pardonner » en abandonnant la vision faisant de ce phénomène un manque de courage, de confiance en soi et d’aplomb, au profit d’une perception prenant en compte les parties prenantes d’un échange.
C’est, comme vous pouvez vous en douter, le but de la production du jour. Alors trêve de blabla et en route pour la formulation des arguments logiques…
1. Apprendre à pardonner : une nécessité facile à appréhender
Le paradoxe à mettre en avant lorsqu’on décortique cette propension à passer outre les mauvais traitements reçus pour ne pas rendre une ambiance délétère ou aggraver une situation où l’antagonisme est démontré, réside dans la portée intellectuelle du phénomène.
Techniquement, tout le monde comprend l’intérêt, la nécessité d’apprendre à pardonner, et ce, même si l’adoption d’une telle disposition psychologique reste difficile.
Blessé(e), humilié(e) ou clairement pris(e) pour une personne aux capacités de raisonnement limitées, notre nature nous pousse à nous ériger contre de tels comportements.
Qu’on se mure dans le silence ou qu’au contraire, on explose et laisse parler son ressenti, il est certain que les conséquences psychologiques d’un conflit sont réelles et puissantes.
À tel point d’ailleurs que la réflexion personnelle suivant « l’altercation » est souvent basée sur une tentative de justification de notre positionnement idéologique et de nos réactions.
Après que le ton soit monté, rares sont les personnes à tenter directement le pari de la réconciliation.
On préfère camper sur nos positions, pour faire apparaître ces dernières comme justifiées, pleines de sens.
Loin de moi l’idée de juger un tel réflexe… je fonctionne de la sorte.
Si on me titille, je pars au quart de tour et continue à ruminer les mots prononcés dans ma tête pendant quelques heures, avant que la pression ne retombe.
Comme vous, j’ai ce besoin d’apprendre à pardonner.
J’ai perdu quelques amis à cause de mes réactions jugées « disproportionnées » quand j’étais plus jeune, et de ma tendance à ne plus essayer de creuser les relations qui me liaient à ces personnes.
Et même si aujourd’hui je pense toujours que sur le fond du problème, j’étais dans mon bon droit… je n’ai plus que mes yeux pour pleurer en repensant aux gens que je ne reverrai sans doute jamais.
L’un des premiers constats qui s’imposent, avant même de discuter des moyens à notre disposition pour mettre un nouveau dispositif psychologique en place, c’est que d’apprendre à pardonner reste un outil relativisant l’isolement et l’effritement des liens sociaux.
De quoi nous faire prendre conscience de l’importance de la réflexion du jour.
2. Apprendre à pardonner pour cicatriser et repartir de l’avant
La propension qu’à l’Homme à formuler des excuses, ou en tout cas à rediscuter d’un point de mésentente plus objectivement avec son prochain, s’apparente à une preuve de sa volonté de passer outre les différences et les incompréhensions.
Pourtant, s’attacher à penser que d’apprendre à pardonner n’a pour effet qu’un retour en odeur de sainteté auprès de nos interlocuteurs consisterait à faire fausse route.
Beaucoup (dont moi, mais je me soigne !) en sont encore à un stade où la fierté personnelle fait office de garde fou. Elle ne laisse rien passer.
Pourquoi apprendre à pardonner si l’on a été blessé ? En quoi l’état psychologique de l’autre peut-il nous intéresser ? Pourquoi « oublier » ce qu’il nous a fait et prétendre que tout va bien ?
Le cheminement est ici erroné en ce que la formulation d’excuses est perçue comme une faiblesse, une acceptation des reproches encaissés et du positionnement de « dominé » ainsi mis à jour.
Mais apprendre à pardonner semble avoir d’autres implications, plus personnelles, permettant une véritable évolution.
D’un point de vue psychologique, il est en effet à souligner que le fait de vouloir réduire la portée d’un conflit permette une cicatrisation personnelle, la refonte d’une nouvelle base relationnelle, évitant ainsi de ressasser le passé et les événements ayant un impact sur notre bien-être.
Sans pardon, on revit encore et encore les affronts subis, on s’empêche d’atteindre nos objectifs et on finit par s’enfermer dans un ressentiment pouvant laisser place à des dispositions destructrices comme le désir de vengeance ou l’aigreur.
Apprendre à pardonner, c’est donc laisser l’espoir renaître, montrer sa « grandeur d’esprit » en ce qu’on comprend qu’un climat néfaste freine par définition l’apparition du bonheur.
La réaction de nos interlocuteurs ne rentre même pas en ligne de compte. C’est le cheminement personnel qui importe : celui nous permettant de ne pas nous baser sur la haine et le jugement extérieur.
Bien évidemment, cela ne se fait pas tout seul.
Il faudra certainement ravaler ses propres arguments et accepter l’antagonisme, avant de le relativiser.
Mais il nous revient de prendre la meilleure décision pour ne pas entretenir la rancœur et vivre avec des séquelles pouvant remettre en cause notre légitimité dans notre environnement.
3. Sortir du contexte destructeur pour apprendre à pardonner
Après avoir vécu une situation stimulant négativité et perte de sérénité, il est bien évident que le temps est l’un des meilleurs remèdes.
Nous en avons tous fait l’expérience : que ce soit après une rupture amoureuse ou un conflit familial, l’isolement temporaire et la capacité à nous recentrer sur nous-mêmes sont des facteurs d’apaisement, menant à une réflexion plus objective et moins axée sur la critique volontaire.
Après tout, tout le monde a le droit de faire des erreurs.
Nous avons certainement causé du tort à d’autres personnes, qui ont fini par laisser leur douleur et leur mécontentement s’évanouir, progressivement.
Ceci étant dit, il existe des outils pouvant favoriser notre volonté d’apprendre à pardonner.
C’est par exemple le cas de la mise en action physique et spirituelle dans des domaines éloignés de celui où le conflit a pris place.
À l’image des moyens existants pour relativiser la colère, nous pourrons alors extérioriser nos sentiments au travers d’exercices physiques, de longues promenades, de voyages ou de nouvelles activités, permettant de faire place à l’évolution personnelle (nouvelles formations, nouveaux hobbies…).
Cette propension à redéfinir qui nous sommes, à laisser de côté les aléas de nos interactions, nous pousse inconsciemment à réfléchir sur notre situation.
Et si la décision de pardonner reste liée à la personnalité même de l’interlocuteur concerné, elle sera néanmoins facilitée par notre refus de donner trop d’importance au conflit ayant pu nous opposer à ce dernier.
De plus, il est à souligner qu’un événement tel qu’une dispute tend toujours à influencer notre jugement, notamment pendant son déroulement.
Les conséquences de l’échange sont alors ignorées, tant notre affirmation personnelle (et la déconstruction de l’autre) s’érige en priorité.
Apprendre à pardonner commence par un éloignement vis-à-vis des ressentis stimulés.
Notre raison étant souvent éclipsée par nos émotions, il convient de lui redonner toute son importance.
Et c’est à ce moment, une fois les sentiments primaires mis de côté, que le dialogue pourra être réengagé, de manière plus sereine.
De cette interaction, nous apprendrons certainement en quoi notre comportement a pu gêner ou comment les aléas du quotidien de notre interlocuteur ont pu l’amener à dire ou faire des choses pour nous déstabiliser.
Quoi qu’il en soit, l’apaisement passe par une prise de conscience et une capacité à se mettre dans les chaussures des autres membres de notre environnement, lorsque ces derniers nous prennent en grippe.
Rien d’évident ou de simple là-dedans… mais le fait d’en parler (et d’écrire à ce sujet dans mon cas), pousse déjà à mettre en lumière une volonté d’amélioration.
Si le chemin nous permettant d’apprendre à pardonner semble long et sinueux, nul doute qu’il nous permettra de grandir et de renforcer notre relationnel.
Reste à savoir comment matérialiser la réflexion dans un quotidien souvent stressant et ne laissant que peu de place à la réflexion immédiate… mais je vous fais confiance !
Il est temps pour moi de vous abandonner, mais n’hésitez pas à faire part des moyens que vous auriez pu assimiler pour apprendre à pardonner.
Un échange de points de vue à ce sujet (à travers les commentaires) ne pouvant qu’être bénéfique au plus grand nombre.
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