La liberté, on ne cesse de lui rendre hommage.
On écrit son nom sur le fronton de nos bâtiments institutionnels, on lui dédie des poèmes. On la chante même dans les concerts des enfoirés.
Liberté d’expression, de la presse, d’entreprendre, sexuelle, de circulation, de culte, la liberté est revendiquée dans tous les domaines de notre vie. Être libre, croit-on, c’est être heureux.
Être libre, ce n’est pas seulement l’absence d’enfermement ou de séquestration. On ne peut pas limiter le concept de liberté à la seule permissivité des lois ou à l’absence de règles.
C’est un concept bien plus large et complexe. Mais avant de se revendiquer, la liberté se cultive au fond de chacun de nous.
Être libre, c’est un état d’esprit, un sentiment avant d’être une condition juridique ou physique.
Pour vous sentir libre, lâchez votre mégaphone et recentrez-vous sur l’essentiel.
C’est dans la tête que ça se passe.
La liberté c’est d’abord savoir ce que l’on veut
La liberté, c’est la capacité à exercer sa volonté, à faire ce que l’on veut.
Encore faut-il savoir ce que l’on veut, avoir une idée de ce à quoi l’on aspire, de nos valeurs, de ce qui est bon pour nous, de la trace que nous voulons laisser en ce bas monde.
L’ignorance est la première entrave à la liberté. Si vous voulez être libre, informez-vous, cultivez-vous.
Apprenez des langues étrangères, voyagez, lisez, rencontrez des personnes différentes de vous, qui ont des opinions ou des modes de vie totalement divergents des vôtres.
Apprendre à mieux connaître le monde qui nous entoure et à mieux se connaître soi-même, c’est élargir le champ des possibles, c’est savoir ce que l’on veut, c’est donner un sens à la liberté que l’on réclame.
La liberté, c’est la solitude
Quand on étouffe, on a souvent envie d’envoyer bouler toutes les personnes qui nous entourent, de rester seul, d’être libéré du regard et de l’influence des autres.
Comme le dit la maxime, « la liberté s’arrête là où commence celle des autres ».
La liberté totale, c’est la solitude, le fait de ne dépendre de personne et de n’avoir d’incidence sur personne dans ses choix ou ses actions.
La figure type de l’homme libre, c’est Tom Sawyer, le vagabond sans famille qui vogue à sa guise le long d’un fleuve tranquille.
Mais à l’inverse, l’isolement nous prive d’opportunités, car il nous empêche d’accéder à ce que tous les autres êtres humains ont à nous offrir : l’amour, le partage, l’enseignement, la gratitude…
Entrer en relation avec d’autres personnes, c’est forcément perdre un peu de liberté.
Mais le jeu en vaut la chandelle. Tout est question de dosage.
Être libre, c’est accepter le danger
Suite aux attentats de Paris, journalistes, intellectuels et politiques de tous bords nous ont posé sans cesse cette question angoissante « êtes-vous prêts à sacrifier une partie de votre liberté pour plus de sécurité ? ».
En fait la question se pose également dans la manière dont nous choisissons de vivre notre vie au quotidien.
Avoir la liberté d’entreprendre implique de prendre le risque d’échouer et de perdre sa mise.
Avoir la liberté de s’installer dans un autre pays implique le risque de ne pas réussir à s’adapter à une nouvelle culture ou à s’intégrer.
Avoir le droit de s’exprimer implique le fait d’être confronté aux désaccords de certains qui ont également cette possibilité.
Être libre, c’est aussi accepter l’échec, être prêt à tout perdre pour suivre ses envies.
Mais la liberté totale, c’est le chaos. Entraver certaines libertés individuelles permet parfois de ne pas exposer les autres à un risque pour leur intégrité, leur sécurité ou leur propre liberté.
C’est ainsi qu’on limite la liberté d’expression pour lutter contre le racisme ou la diffamation, qu’on limite la liberté d’entreprendre pour protéger l’environnement, qu’on règlemente la liberté de circulation pour éviter les accidents, qu’on limite la liberté de nos enfants pour les protéger.
Priver quelqu’un de ses moyens, par exemple en l’emprisonnant, c’est aussi un moyen de protéger les citoyens.
Encore une fois, tout est question d’équilibre.
Les riches sont-ils plus libres ?
N’allez pas croire que la liberté soit une question d’argent, qu’elle puisse s’acheter ou se louer.
Bizarrement, c’est même tout le contraire. Il est plus facile de se sentir libre lorsque l’on n’a rien à perdre.
Le chanteur Florent Pagny l’avait très bien illustré dans sa chanson « ma liberté de penser », dans laquelle, même s’il peinait à attirer la pitié de ses auditeurs après son contrôle fiscal, il scandait haut et fort qu’on ne pourrait pas lui ôter ce pouvoir.
Avoir un emploi bien rémunéré ne nous incite pas à tout plaquer pour nous lancer dans une carrière hasardeuse.
Avoir une grande maison pleine de souvenirs ne nous incite pas non plus à quitter notre pays pour construire une yourte dans les steppes mongoles.
Être l’héritier d’une grande entreprise qui fait la fierté de notre famille depuis huit générations ne nous donne que très peu de marges de manœuvre quant à notre avenir professionnel.
Il n’y a pas plus triste qu’un prince qui ne veut pas devenir Roi.
Certes l’argent ouvre des portes, mais les biens matériels et les positions sociales en ferment tout autant.
On n’est jamais totalement libre
Être totalement libre, n’avoir aucune contrainte, cela reviendrait en fait à ne pas être, à ne pas exister, à n’être pas enraciné dans la réalité.
Nous sommes toujours maîtres de nos choix et nous sommes tous potentiellement libres de respecter ou non les lois, les interdits imposés par notre culture ou notre famille.
Pour prendre un cas extrême, nous avons physiquement la possibilité de tuer une personne, mais le prix de cette liberté est très lourd.
La question n’est pas de savoir si l’on est libre ou non, mais de parvenir à jauger de manière juste la dose de contraintes qui rythment notre quotidien.
Si nous aspirons tous à une grande dose d’indépendance, il est essentiel de peser le pour et le contre dans nos choix et de penser au prix de chaque liberté.
Si nous ne sommes pas libres, c’est souvent pour le bien d’autres personnes, de nos enfants, de nos concitoyens, de nos amis, mais c’est aussi très souvent parce que nous n’osons pas marcher en dehors des lignes, sortir des cadres.
Si nous ne sommes pas libres dans nos vies, c’est souvent parce que nous nous interdisons d’être libres dans notre tête !
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