L’objectivité : qui ne rêve pas d’en faire un réflexe naturel ?

« Objectivité ne signifie pas impartialité, mais universalité », nous dit Raymond Aron, sociologue français.

Voilà de quoi nous faire réfléchir.

En effet, l’impartialité fait partie des premières références inconscientes à nous venir à l’esprit quand nous parlons d’objectivité.

L’objectivité serait alors entendue comme la qualité de ce qui est conforme à la réalité et indépendant des valeurs, des attitudes, des sentiments ou des croyances.

Concrètement, nous concevons l’objectivité comme la capacité à se désolidariser des enjeux psychiques et émotionnels d’une situation, afin de ne pas laisser notre sensibilité fausser notre jugement.

Mais comme rien n’est aussi simple, je vous propose aujourd’hui de nous pencher un peu plus avant sur ce phénomène afin de comprendre comment nous pouvons développer cette objectivité au quotidien.

1. L’objectivité se heurte à la définition de notre personnalité

Notre identité profonde est basée sur nos expériences, sur un système de croyances et de valeurs diffusées dans notre environnement.

J’avais déjà utilisé ce terme, mais je le trouve très parlant : l’Homme est une éponge sociale.

Il se construit, se développe et prend ses décisions en fonction du milieu dans lequel il évolue.

Un fils d’avocat habitant dans le 16ème arrondissement de Paris ne pourra donc pas se référer à la même base, développer la même logique qu’un jeune brésilien issu d’une famille pauvre et n’ayant connu que l’univers de sa favela.

Les cultures, milieux sociaux et traditions sont ici totalement différents, ce qui biaise la notion même d’objectivité.

En réalité, il apparaît donc que cette qualité est abstraite et j’irais même presque jusqu’à dire irréelle, même si elle reste un idéal.

Voilà donc tout l’intérêt de revenir sur la définition de l’objectivité : recadrer sa matérialisation.

Cette dernière consisterait plus en une capacité à remettre en cause le regard d’autrui et à formuler une réflexion aboutie avant d’émettre une opinion, qu’un véritable trait de caractère.

Selon moi, il n’est tout simplement pas possible d’être à 100% objectif. Cela serait renier qui nous sommes vraiment.

Voilà qui est assez paradoxal quand on y pense !

2. L’objectivité se renforce déjà par l’admission de sa non-existence

Très peu nombreuses sont les personnes capables de prendre position ou d’émettre un jugement sans se laisser affecter par leurs propres sentiments ou leur point de vue sur un sujet donné.

C’est d’autant plus vrai si on aborde des thèmes controversés comme la peine de mort ou l’avortement par exemple.

Dans ce cas, il vous sera difficile de ne pas laisser parler votre cœur et de ne pas entendre raisonner à vos oreilles les réflexions de vos aïeux ou des personnes dont vous partagez l’opinion.

Reconnaître ce fait, c’est déjà faire un pas vers l’objectivité.

Cela vous permet de ne pas réagir uniquement de manière automatique, mais de faire place à une réflexion, même si cette dernière est influencée.

Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de s’intéresser à des sujets aussi sensibles pour reconnaître que nos décisions portent la marque de notre inconscient.

Chaque décision et notamment celles prises à la hâte est le fruit d’un réflexe dicté par une construction subjective.

En reconnaissant la difficulté à être objectif, nous nous imprégnons d’un réflexe qui nous permettra de nous endurcir et de nous imperméabiliser.

3. Renforcer l’objectivité à l’aide d’exercices simples

Si l’objectivité est par définition difficile à atteindre, je voulais aujourd’hui vous proposer deux exercices simples afin de la renforcer, ou tout du moins de permettre l’ébauche de son apparition.

Mise en situation :

Une simple visualisation, du type jeu de rôle, peut vous permettre de mieux appréhender comment adopter l’objectivité de manière plus aisée au quotidien.

Pour ce faire, il vous suffit d’imaginer vous faire face à vous-même lors d’un débat sur un thème chargé émotionnellement. Ceux évoqués précédemment sont de très bons exemples (avortement ou peine de mort).

Votre but est alors de trouver des arguments convaincants, parlants, afin de défendre les 2 thèses qui s’opposent.

Cela devrait inévitablement ébranler vos valeurs, mais c’est justement le but.

Le simple fait d’argumenter contre ce que vous croyez, de trouver les failles du raisonnement que vous cultivez au plus profond de vous, vous permettra d’adopter le réflexe d’un certain questionnement et de comprendre que l’objectivité passe par l’acceptation du fait que vos sentiments les plus forts ne seront jamais suffisants pour justifier un positionnement obtus, voire fermé.

Voilà de quoi ouvrir votre esprit au challenge intellectuel et vous permettre de tendre vers l’objectivité de manière plus concrète, surtout si vous répétez cet exercice de manière fréquente.

Écoute active :

L’autre exercice que je vous recommande est plus passif. Il s’agit de développer vos qualités d’écoute active.

Au lieu de couper la parole aux personnes qui s’opposent à votre opinion, apprenez à ingurgiter leurs arguments, à les considérer pour ce qu’ils sont : les preuves d’une conviction certaine, difficile à atténuer.

Mais l’objectivité, c’est aussi parvenir à ne pas considérer un raisonnement contradictoire comme nécessairement erroné ou stupide.

En fait, en développant votre écoute, vous vous rendrez sans doute compte que tout n’est pas à jeter dans le discours de vos opposants.

Certains arguments peuvent vous atteindre, si ce n’est vous convaincre.

Et contrairement à ce que vous pouvez croire, cela ne représente aucunement un signe de faiblesse que de reconnaître une certaine valeur aux opinions qui sont contraires à vos croyances.

L’autre aspect positif de cet exercice, c’est le développement d’une nouvelle vision d’un tel processus.

Le débat ressemble dorénavant à un échange d’idées et non plus à une joute verbale.

Comme vous pouvez le voir, l’objectivité n’est pas une notion aussi simple qu’il n’y paraît. En fait, il semble même qu’elle soit très difficile à appréhender tant sa portée est limitée par la définition de notre propre personnalité.

Et vous, quels sont les moyens que vous privilégiez pour développer votre objectivité ? N’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires ! À bientôt, et joyeuses fêtes à vous tous !


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