La sagesse est-elle une question d’âge ?

sagesseLa sagesse, c’est un concept fourre-tout.

On l’emploie de manière différente en philosophie, dans les religions ou lorsque l’on parle du comportement de ses enfants.

Dans tous les cas, il est question d’une attitude ou d’une posture qui ne tombe pas du ciel (même en religion) et résulte d’un apprentissage et d’une réflexion personnelle.

Mais la sagesse est-elle une question d’âge ? Devient-on forcément plus sage avec le temps ?

La sagesse est un apprentissage

Vous en avez assez de supporter vos enfants pas sages ?

Vous espérez qu’ils « grandissent », qu’ils acquièrent plus de « maturité », qu’ils deviennent un peu « adultes » et cessent leurs bêtises ?

Mais tout cela est-il réellement une question d’âge ?

Ce sont généralement nos expériences qui forgent notre vision du monde et la manière dont on évolue dans ce dernier.

Les personnes les plus âgées ont souvent eu plus d’expériences, ont eu l’occasion de rencontrer plus de personnes différentes dans leur existence, ont eu à faire plus de choix.

Mais ce n’est pas une généralité.

La sagesse s’acquiert certes avec le temps, mais elle n’est pas que le résultat d’un apprentissage linéaire, naturel et automatique.

Elle se travaille…

Des adultes pas si sages

Car la sagesse, ce n’est pas tant le fait d’obéir à ses parents, ses professeurs, ou toute personne qui sera considérée arbitrairement comme supérieure.

La sagesse, c’est surtout prendre du recul par rapport à une situation, agir avec les personnes qui nous entourent de manière raisonnée et pas uniquement compulsive et surtout considérer l’intérêt général à différentes strates de son environnement (sa famille, ses proches, son pays, le monde entier).

Or dans le monde des adultes, on observe quotidiennement de nombreux manquements à ces principes que ce soit en société, en voiture ou dans le monde du travail.

L’égoïsme, l’empressement, la cupidité, le manque de considération pour les autres, tout cela se retrouve à tous les âges.

Certes on ne définira pas ces défauts de la même manière si l’on parle d’un adulte, et ils ne se traduiront pas de la même façon.

On les appellera « incivilités » plutôt que « bêtises », peut-être pour ne pas infantiliser, ou bien même parce que l’on considèrera l’adulte comme étant plus responsable, plus conscient de ses actes, ce qui n’est pas entièrement faux du point de vue biologique et juridique.

Il n’y a pas la sagesse, mais des sagesses

Être sage, c’est un concept très subjectif.

On parle souvent de sagesse dans une religion, pour définir des doctrines, des préceptes, ou l’état de celui qui a atteint la plénitude, qui est devenu un homme bon et proche du divin.

Être sage, pour beaucoup de parents, c’est surtout faire ses devoirs, écouter ses géniteurs et ne pas faire trop de bruit.

En fait, être sage, c’est ficher la paix aux adultes.

Mais attention à ne pas confondre la sagesse avec la docilité, et par extension l’éducation avec du dressage.

Que l’on parle de religion, de spiritualité, de philosophie ou d’éducation, atteindre la sagesse ne consiste pas en l’application aveugle de préceptes, de consignes ou d’ordres.

Il s’agit plutôt d’un travail de réflexion, de remise en question, de compréhension du monde qui nous entoure.

Être sage, c’est agir avec conscience.

Un enfant poli est-il un enfant sage ?

La question de la politesse est une illustration emblématique de cette idée faussée que se font beaucoup de parents de la sagesse, interprétant les faits et gestes de leurs bambins comme étant adaptés ou non, plutôt que d’en chercher la racine profonde.

La politesse, c’est un code, un ensemble de comportements préétablis (bien que pouvant évoluer) qui permet de structurer le vivre ensemble et de lui donner un langage.

La politesse est purement culturelle. Toutes les cultures ont un code différent.

Certains donnent une importance très grande au langage, au fait de dire « bonjour », « merci », « s’il vous plait ».

D’autres se concentreront surtout sur le non verbal, sur le sourire, le regard ou la manière de désigner les objets.

Être poli dans l’absolu, c’est donc juste respecter un code gestuel et linguistique.

Mais pourquoi accordons-nous tant de crédit à ces usages ? Parce qu’ils sont censés traduire un respect.

C’est donc en cela que devrait résider l’éducation, en un développement du respect de l’autre et de l’intérêt commun, en une compréhension totale de ce qui se cache derrière ces codes de politesse.

La politesse sans le respect n’est pas de la sagesse.

Elle est au mieux le résultat probant d’un conditionnement qui se suffit à lui-même, au pire une hypocrisie.

Méfiez-vous donc des enfants que l’on croirait trop sages !

Juger les intentions plutôt que les actes

Tout comme votre orthophoniste ne vous donnera pas le sens de la poésie, tout comme votre orthodontiste ne vous donnera pas le sourire, se concentrer uniquement sur le comportement d’un enfant et sur sa correction ne fera pas de lui un enfant sage.

Au mieux, il paraîtra adapté socialement et ne vous ennuiera plus.

La sagesse n’est donc pas tellement une question d’actes.

Elle ne se résume pas à l’inertie ou au calme, mais réside dans quelque chose de beaucoup plus profond.

Plutôt que de prôner ou rechercher l’adaptabilité ou la politesse, l’éducation devrait donc se focaliser principalement sur le développement de la bienveillance et de la réflexion.

L’enfant doit bien entendu apprendre que le monde est régi par des règles, qu’il se doit de les suivre pour vivre harmonieusement en société.

Mais il doit surtout comprendre ces règles, leur but et leur raison d’être.

Une règle doit pouvoir être discutée pour gagner en crédibilité et en validité.

Punir ou promouvoir un acte sans plus d’explication s’assimile presque à du dressage.

Contester un raisonnement, ou promouvoir une bonne intention pour inculquer une valeur s’apparenterait plus à de l’éducation et serait un pas important vers la sagesse.

Il est très difficile d’évaluer la sagesse d’un enfant avec des yeux d’adulte tant nos mondes sont différents.

N’encombrez pas trop vite vos enfants avec vos problèmes d’adultes : le temps qui passe à toute allure, l’argent qui manque même quand il abonde, le carriérisme qui ruine les relations au travail, le racisme qui est vecteur de haine et de ressentiments

Car la naïveté de l’enfant est souvent bien plus louable que la « sagesse » de l’adulte qui prétend savoir.


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Commentaires

2 réponses à “La sagesse est-elle une question d’âge ?”

  1. Avatar de Fabrice
    Fabrice

    Bonjour, je m’appelle Fabrice Hochui, j’habite à l’ile de la Réunion, j’ai 47 ans et j’ai deux enfants.

    C’est un excellent article dans sa globalité, clair, net et précis. Je vous félicite de l’avoir écrit.

    Pour illustrer la sagesse, j’ai une vraie histoire à vous raconter.

    Je suis restaurateur et professeur de cuisine. J’ai donc plusieurs casquettes, ce qui entraine une surcharge de travail que j’endure avec beaucoup de plaisir.

    Pour trouver l’équilibre, je me déconnecte de temps en temps. Le soir, pour m’évader je sors et comme j’aime jouer au casino, j’y pour vais me distraire de temps à autre.

    Un de ces soirs, je jouais à la roulette et j’avais en poche 50€, car je m’étais fixé un objectif, celui de gagner 3 fois ma mise, c’est-à-dire 150€, ou de perde 50€ et pas un centime de plus. Je ne vais jamais au casino avec ma carte bleue ou mon chéquier. C’est seulement pour me détendre que j’y vais, on est bien d’accord les amis, non pas pour devenir riche.

    Un homme à côté de moi jouait gros et il allait à la caisse à plusieurs reprises afin de prendre des jetons. C’était un gros joueur, tout le monde l’observait, un monsieur âgé de 60 ans et accompagné de sa femme âgée d’une soixantaine d’années également.

    Un moment après, j’ai gagné 3 fois ma mise, mon objectif a été atteint et j’en étais ravi d’avoir gagné les 150€. Je me dirigeais vers la caisse afin de récupérer l’argent que j’avais gagné.

    Le gros joueur âgé d’une soixantaine d’années était devant. Il se préparait à payer ce qu’il a consommé. Quelle fut ma surprise lorsqu’il a demandé le montant pour remplir son chèque. Écoutez bien et restez attentif les amis, 5400€ en une soirée que ce monsieur a dépensé avec son épouse.

    Il était tellement frappé qu’il a demandé au caissier à trois reprises le montant « combien combien combien ».

    Revenons à nos moutons les amis, la sagesse n’a aucune relation avec l’âge, comme nous a montré ce gros joueur, qui n’a pas su mettre des limites à son vice. Il y a beaucoup de personnes âgées, mais qui sont insensées.

    Voilà, j’espère que mon histoire véridique vous aura plu. Je l’ai écrit avec beaucoup d’enthousiasme pour partager mon expérience avec vous.

    À bientôt les amis.

    1. Avatar de Adrien
      Adrien

      Merci pour cette histoire.
      Vous avez raison il est dangereux d’aller au casino avec son chéquier ou sa carte bancaire hahaha
      Très bonne journée

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