Altruisme: est-il une utopie ou un réel choix de vie ?

L’altruisme, c’est inverse de l’égocentrisme et de l’égoïsme. Il s’agit plus exactement du désir de répondre aux besoins des autres et d’agir pour leur bien-être.

L’altruisme est une motivation, un sentiment plus qu’une attitude.

Faire preuve d’altruisme, ce n’est pas offrir un beau cadeau à Noël, que ce soit pour respecter une tradition séculaire ou en attendant d’être aimé et gratifié en retour. C’est en fait tout l’inverse !

L’importance ne réside pas dans les gestes ou dans les paroles, mais dans l’intention que vous mettez derrière.

L’altruisme, c’est aider plutôt que juger. C’est voir l’humain dans le criminel, dans le toxicomane, dans votre patron ou dans le plus grand des dictateurs.

L’altruisme est inconditionnel. Il exige de vouloir le bien de l’autre même si cela ne nous apporte rien de bon.

L’altruisme est une question de survie

L’Homme est un animal social. Que nous le voulions ou non, nous vivons tous en société. En cela, nous avons besoin des autres pour nous épanouir et nous développer.

Nous ne pouvons pas vivre seuls. Nous sommes constamment en relation avec nos amis, nos collègues, nos clients, notre famille, nos voisins…

Mais aucune de ces relations ne peut fonctionner à sens unique. Pour recevoir, il faut donner.

On ne peut donc pas être membre d’une société ou d’un groupe sans faire preuve d’un minimum d’altruisme.

À moins de vivre en autosuffisance, seul dans une ferme, nous avons besoin des autres chaque jour pour nous informer, nous réconforter, nous enseigner, nous flatter, nous aider, nous considérer, nous conseiller.

Nous sommes dépendants de la bienveillance des personnes qui nous entourent. Penser aux autres, c’est aussi penser à soi, puisque nos intérêts sont aussi renforcés par l’altruisme de l’autre.

Nous sommes interdépendants. Certains diront que c’est le karma. Mais force est de constater que nous avons tendance à chercher le bonheur de ceux qui cherchent le nôtre.

C’est d’ailleurs sur ce postulat que se créent les solidarités de clans à l’échelle d’une famille, d’un groupe religieux, d’une bande d’amis…

Le bonheur du groupe est totalement indissociable du bonheur individuel de chacun de ses membres.

Mais même si nous parvenons tous à être altruistes dans des relations restreintes, par exemple en famille, il est plus difficile de généraliser cette attitude, de toujours considérer autrui avec compassion, avec empathie. C’est pourtant dans notre intérêt.

L’altruisme rend heureux

« Aimez-vous les uns les autres et vous serez heureux ». Cette phrase pourrait bien être le slogan d’une secte ou d’une antenne régionale de SOS amitié, mais elle n’est pas complètement fausse.

Oui, l’altruisme contribue à créer un sentiment de fierté. Lorsque vous aidez un ami en détresse, vous vous sentez tout de suite plus utile, mieux valorisé, plus serein.

Se rendre compte que les autres ont besoin de soi est très gratifiant. Vous avez un rôle, une mission sur cette terre. Votre vie prend tout à coup plus de sens.

À l’inverse, une attitude égoïste peut vous rendre malheureux, car elle vous exclut de la société, elle vous isole, elle vous rend inutile.

Bien sûr il faut s’autoriser de temps à autre à « penser à soi », mais le fait de mettre ses propres intérêts au premier plan et de balayer ceux des autres vous prive de relations humaines saines.

Et c’est bien souvent dans ces relations que réside le vrai bonheur.

L’altruisme est un sentiment naturel

On a trop souvent tendance à considérer l’altruisme comme une anomalie, à voir la compassion et la bienveillance comme des signes de faiblesse.

En politique ou dans la vie de tous les jours, on entend de plus en plus parler d’un fameux « monde des Bisounours » dans lequel vivraient ceux qui pensent aux autres avant de penser à eux-mêmes, comme si ces derniers n’avaient pas compris que l’être humain était naturellement égoïste et que toute tentative d’altruisme le mettait en position de faiblesse.

En fait, il est complètement faux de penser l’être humain comme étant naturellement égoïste.

Dans toute leur évolution, les hommes ont toujours vécu en groupe. Les tâches ont toujours été réparties entre les individus d’une même tribu, d’une même famille.

Puis sont apparus les métiers. Chaque humain se spécialisait dans une tâche pour en faire profiter les autres membres de sa communauté tout en profitant lui-même du travail des autres.

L’origine même de la répartition du travail est fondamentalement altruiste. Si l’être humain était naturellement égoïste, notre civilisation n’aurait pas pu voir le jour.

Il faut admettre que dans nos sociétés post-modernes dans lesquelles le travail a été ultra-rationalisé et l’argent tient une place de plus en plus importante, les comportements égoïstes prolifèrent, surtout en temps de crise.

La confiance en l’autre s’amoindrit. Notre voisin est vu comme un concurrent, un rival, un danger potentiel.

Ne pas se rendre compte de cette inquiétante évolution de nos sociétés serait absurde. Mais considérer l’altruisme comme une anomalie le serait encore plus.

C’est au contraire la montée de l’individualisme qui est un symptôme de la mauvaise santé de notre monde.

L’altruisme ne peut pas être délégué

Cliquer sur « j’aime » en bas de tous les posts de la page Facebook de Médecins Sans Frontières est-ce une attitude altruiste ?

Pas vraiment, mais c’est un début. L’altruisme pour être source de cohésion sociale, doit avoir lieu dans la vraie vie, entre vraies personnes, sans intermédiaire.

Les médias utilisés pour communiquer ne sont pas réellement un problème.

Envoyer un Snapchat à un ami pour lui dire qu’on pense à lui avant un examen, lui envoyer une recette de cuisine par e-mail ou le conseiller par Skype sur ses choix d’orientation sont des actes altruistes. Ils n’ont pour but que d’aider quelqu’un d’autre.

Ce qui n’est en revanche pas de l’altruisme, ou tout du moins pas de l’altruisme constructif, c’est le fait de déléguer l’égard que l’on porte à autrui.

Faire un don ou partager une publication en espérant qu’un organisme s’occupe de sans-abris a une utilité réelle, mais cela ne crée aucun lien social.

Offrir un sandwich, un sourire ou une oreille attentive à une personne vivant dans la rue est du pur altruisme.

On a en fait une fâcheuse tendance à déléguer notre altruisme. À des associations bien entendu, mais également aux États, qui sont souvent en charge de la redistribution des richesses, de l’aide aux personnes les plus précaires, de l’accompagnement des personnes âgées, de l’éducation des enfants, de la protection de l’environnement, de tout ce qui finalement crée du lien social.

L’altruisme ne peut pas être virtuel et il ne peut pas être institutionnalisé.

Si vous voulez rendre le monde plus beau, privilégiez les vraies relations!


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