Faut-il éviter la routine ?

« Routine n’est pas organisation, pas plus que paralysie n’est ordre » (Arthur Heps).

Une bien belle citation pour introduire notre sujet du jour.

En effet, d’une manière quasi consensuelle, l’ensemble des individus semble faire de la capacité à éviter la routine une ligne de conduite, un objectif lié au développement personnel.

Et pour cause, si la répétition permet une meilleure maîtrise d’un processus ou d’un réflexe, elle enferme aussi ce dernier dans un cadre délimité, un champ qui refuse la nouveauté, l’expérience, et par conséquent, l’amélioration et le perfectionnement outre certaines limites.

Impossible de révéler son potentiel optimal en s’abritant derrière une démarche visant à nous rassurer, à nous faire évoluer au cœur de notre zone de confort.

Dans les faits, la routine est souvent perçue comme l’instauration d’un mécanisme répétitif, insidieux, qui finit par faire de l’habitude et de la lassitude des valeurs quotidiennes, nous poussant à perdre tout intérêt et motivation vis-à-vis de la réalisation.

L’absence de réelle gratification, le refus du challenge, la remise en cause de la spontanéité… C’est tout cela qu’on se résigne à accepter quand on s’enferme dans l’habitude et la répétition outrancière.

Pourtant, et c’est bien là le paradoxe de la situation, éviter la routine peut aussi représenter un risque : celui de ne pas être en mesure d’assimiler les valeurs diffusées dans notre environnement, celui de ne pas être capable de répéter les gestes du quotidien aussi efficacement qu’on le devrait (notamment d’un point de vue professionnel) et au final, de perdre en légitimité, tant nous nous éloignons de la définition du rôle qui nous incombe.

Les conséquences peuvent alors être réelles : effritement du lien social, remise en cause de notre crédibilité, absence de confiance de la part des autres individus, isolement…

Plus que de changer ses habitudes, il semblerait alors qu’il faut les adapter, les agrémenter de nouvelles expériences et d’une tendance à évoluer dans l’inconnu, sans non plus faire de ce mécanisme un réflexe systématique, qui pourrait nous éloigner de la nécessité de fossiliser nos valeurs et notre système de pensée, afin d’être en mesure d’analyser le bénéfice de ces fameuses expériences.

La quiétude passe en effet nécessairement par un mélange entre l’excitant et le rassurant, le nouveau et l’ancien, le réfléchi et le spontané.

Éviter la routine, c’est donc faire évoluer cette dernière, petit à petit, mais sans jamais lui renier son pouvoir sécuritaire, sa nécessité, pour exister et s’améliorer. Sans base, pas d’apprentissage…

1. Le changement, un besoin naturel

Si réflexion au sujet de la portée de l’habitude il y a, c’est nécessairement que le fait d’éviter la routine peut avoir des conséquences bénéfiques sur le bien-être de l’individu.

Nous le savons tous, le fait de voir sa liberté d’action (et de raisonnement) réduite, quadrillée de manière stricte, affecte notre capacité à enrichir nos connaissances et à multiplier les interactions.

Plus la routine est féroce, moins on peut s’ouvrir sur l’extérieur et intérioriser des valeurs, opinions ou idées qui pourraient faire évoluer notre système de pensée.

Mais encore faut-il définir les moyens à notre disposition pour limiter l’effet de l’habitude sur notre quotidien et en fixer les limites matérielles.

Il paraît couler de source que la simple diversification des expériences, qu’elles soient psychologiques, sensorielles ou sociales, stimule l’ouverture d’esprit et enrichit la personnalité.

Concrètement, il nous suffit donc de ne pas nous laisser abreuver par l’information qu’on nous distribue, mais de partir en quête de celle qu’il nous faut, dont nous ferons usage pour satisfaire à notre besoin de curiosité.

Cette affirmation s’applique en vérité à n’importe quel domaine qu’on aimerait explorer plus en détail.

Pourquoi alors ne pas chaque jour écouter des musiques de genres et de pays différents ?

Pourquoi ne pas décider de prendre une demi-journée pour déambuler dans les rues d’un quartier de sa propre ville, dans lequel nous n’avons pas l’habitude de nous rendre ?

Pourquoi ne pas partir en voyage, rencontrer les populations qui suscitent notre intérêt véritable ou encore tenter de s’impliquer dans la vie associative (à condition que l’organisme en question défende nos convictions) afin de pouvoir organiser un partage de valeurs à l’échelle collective et ainsi créer des affinités ?

Pourquoi ne pas se lancer dans la pratique d’une activité physique, jusqu’ici inexpérimentée ?

La curiosité permet un regard moins sévère, plus objectif sur le reste de notre environnement.

À pratiquer donc !

2. Les limites du processus

L’implication dans la diversification de son quotidien, bien qu’enrichissante, ne peut-être constamment sous-tendue par l’ensemble de notre psychologie.

Il serait utopique de penser que l’existence se résume à une quête de la nouveauté, en ignorant les obligations et autres aléas matériels ou obstacles concrets auxquels nous devons faire face.

L’Homme a besoin de sécurité, de stabilité, pour évoluer sereinement.

Si chaque jour, nous devions remettre en cause nos certitudes, nous ne gouterons jamais le bonheur.

Cette vérité est indéboulonnable, notamment au niveau professionnel.

Impossible de ne pas se baser sur la répétition pour atteindre la maîtrise optimale d’une définition de poste et faire de la tâche à accomplir, un simple réflexe.

Si les notions de challenge et d’intérêt sont ici remises en cause, nous n’y pouvons pas grand-chose : chacun doit se soumettre à la contrainte, notamment quand sa responsabilité est engagée par un pacte (ici un contrat de travail) le liant à d’autres entités.

Dans ce cadre, la routine sert d’élément sécuritaire, de bouée nous permettant de ne pas laisser notre confiance en nous se désagréger et de nous forger des acquis concourant au renforcement de notre connaissance de nous-mêmes et de la rationalité de nos choix, au regard de nos besoins.

Éviter la routine est un processus qui ne doit pas remettre en cause les bienfaits de cette dernière, tant la construction d’une zone de confort (même si nous devons apprendre à en sortir le plus souvent possible) est nécessaire pour poser les jalons d’une véritable logique de développement personnel.

Le débat reste idéologique, mais a le mérite d’exister.

Bien souvent, l’habitude n’est abordée que sous le thème de la monotonie et entrevue comme une valeur qui se combat grâce au matérialisme et à la recherche de l’expérience.

En réalité, elle est aussi source d’apaisement et de sécurité.

Éviter la routine reste un réflexe nécessaire, quand cette dernière concerne des moments de latence et de disponibilité, découlant d’une bonne gestion du temps.

Comme vous le constatez, on s’éloigne alors d’une logique mercantile basée sur l’achat compulsif -traduction de cette fameuse recherche de la nouveauté- pour se rapprocher d’une disposition inquisitrice vis-à-vis de la procrastination.

Chaque moment libre devenant une opportunité pour éviter la routine et l’ennui où se fige la vie.

Et vous ? Que pensez-vous de l’habitude ? Avez-vous des outils spécifiques pour l’éviter ? Vos retours sont attendus !


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