Si tout le monde a une idée bien précise de ce que le perfectionnisme représente, c’est une citation de Paul Valéry (écrivain et philosophe français du XXème siècle) qui le résume de la plus belle des manières à mes yeux :
« La poursuite des perfectionnements exclut la rechercher de la perfection. Perfectionner s’oppose à parfaire ».
Le perfectionnisme, c’est cette volonté de toujours repousser ses limites, de faire mieux, de ne pas rester en surface, mais d’entrer systématiquement dans le détail.
De cette vision pointue découle une remise en cause de la satisfaction liée à l’effort, une moindre tolérance (aussi bien personnelle que vis-à-vis d’autrui) et un affaiblissement concret de la confiance en soi.
Un constat objectif de ce trait de caractère le décrirait donc comme nuisible, substantiellement dévastateur et contraire à l’idée d’atteinte du bonheur ou de l’épanouissement personnel.
J’ai décidé de donner une forme un peu particulière à l’article du jour : il se composera de questions, afin de vous permettre personnellement, de définir votre degré de perfectionnisme et d’en analyser l’impact sur votre psychologie.
La raison en est simple : le perfectionnisme, quand il atteint son paroxysme est en effet un frein au bien-être.
Mais son absence totale peut elle aussi vous affecter négativement, favorisant l’apparition de la procrastination, du contentement et de la médiocrité.
Voilà donc tout l’enjeu de la définition de cette notion : comprendre dans quelle mesure le perfectionnisme affecte votre efficacité, votre définition d’objectifs et votre aptitude à les réaliser.
1. Perfectionnisme et pensée exclusive : êtes-vous un(e) adepte du « tout ou rien » ?
Le perfectionnisme s’exprime très souvent par cette volonté d’atteindre des objectifs requérant sacrifices et acharnement.
Seulement, contrairement à un état d’esprit proactif, un désir d’amélioration personnelle à travers le travail et la reconnaissance que l’on peut en tirer, le perfectionnisme pousse au négativisme, à ne s’intéresser qu’aux manquements de ce processus sans jamais reconnaître le chemin parcouru jusqu’alors.
Cette vision exclusive impliquant qu’un objectif ne soit réalisé que quand chacun des détails ait été exploité à hauteur de son potentiel maximum tend à nous faire formuler de trop fortes attentes et au final à rayer le mot « presque » de notre vocabulaire personnel.
Résultat ? Le perfectionnisme nous pousse à gaspiller notre temps sur des projets qui pour beaucoup sembleraient bouclés, mais qu’on veut « améliorer ».
2. Perfectionnisme et jugement personnel : êtes-vous trop critique envers vous-même ?
Le perfectionnisme a pour nature de renforcer l’esprit critique, c’est une évidence.
À tel point d’ailleurs que les retours positifs des autres membres de notre environnement nous agacent, ne paraissent pas objectifs.
Comment peut-on apprécier votre travail, votre performance, alors que tout n’est pas parfait ?
La peur de l’échec (comprise ici comme l’incapacité à fournir un résultat optimisé) est tellement présente, qu’elle remet en cause les liens sociaux, pousse à l’isolement et à la mise en valeur d’une incompréhension du monde qui nous entoure à notre égard…
Dans certains cas, le perfectionnisme peut même nous amener à élargir cet esprit critique aux autres individus, les considérant médiocres, suffisants, puisque refusant de s’acharner comme nous le ferions.
Médiocres peut-être, moins stressés, certainement !
3. Perfectionnisme et manque d’objectivité : savez-vous mesurer votre potentiel ?
Le perfectionnisme entraîne une confusion quant à la définition de notre propre potentiel.
Au lieu de percevoir les progrès réalisés et d’en tirer une certaine motivation, c’est l’écart existant avec la réalisation finale de l’objectif qui nous pousse à multiplier les efforts.
Cette stimulation psychologique peut certes être efficace à court terme, mais l’absence de satisfaction personnelle et la peur de ne pas atteindre la perfection prédominent, nous aveuglant, nous faisant perdre en objectivité en ce qui concerne nos capacités personnelles.
D’autre part, il est avéré que la définition d’objectifs engendrée par le perfectionnisme est bien souvent irréaliste, ce qui remet en question la possibilité même de les accomplir et par là, d’atteindre le bonheur.
En somme, le perfectionnisme peut être assimilé à un cercle vicieux.
4. Perfectionnisme et troubles psychologiques : avez-vous confiance en vous ?
La volonté de toujours aller plus loin, de sans cesse faire mieux et de ne pas s’arrêter en cours de route pour analyser le chemin parcouru pousse évidemment à se concentrer sur la déception et l’aspect négatif lié au processus de réalisation d’un objectif.
En réalité, si le perfectionnisme stimule notre professionnalisme et l’esprit de compétition il remet aussi en cause la notion d’estime de soi et de confiance en soi.
Comment peut-on croire en nous même si nous nous obstinons à poursuivre une chimère, un but qui n’existe pas, qu’on ne peut atteindre ?
Si notre bonheur repose sur la satisfaction personnelle et que cette dernière est tout simplement écartée des dispositions psychologiques adoptées lors de l’adoption d’un tel état d’esprit, comment alors imaginer pouvoir s’épanouir ?
La confiance en soi, c’est la capacité à reconnaître sa valeur, à s’accorder le droit de ne pas réussir et de tirer profit de nos échecs…
Bien loin de la définition du perfectionnisme comme vous pouvez le constater !
5. Perfectionnisme et isolement psychologique : comment se porte votre cercle social ?
En plus du développement d’un esprit critique et de l’affaiblissement de la confiance en soi, le perfectionnisme semble déposséder les personnes l’adoptant de toute objectivité relationnelle.
La critique devient ainsi une attaque personnelle et le regard des autres prend une toute nouvelle dimension : celle d’un immense juré qui analyserait nos performances dans les moindres détails et incapable de nous accorder la moindre valeur en cas de faux pas.
À ce petit jeu, la méfiance se développe naturellement.
Le perfectionnisme pousse donc à se refermer sur soi-même et à ne voir que l’impact négatif de toute relation sociale.
Plus ce trait de caractère est puissamment ancré en nous, plus il est dans les faits difficile de s’adapter à un environnement que nous percevons comme hostile.
Vous le comprenez, le perfectionnisme est loin d’être une disposition psychologique vous permettant de vous épanouir, que cela soit personnellement ou au contact des autres.
Il est source de stress, de subjectivité et d’une remise en question de notre potentiel personnel.
Ne soyez cependant pas inquiet. Comme tout phénomène lié à notre système de valeurs ou de pensée, il peut être relativisé grâce à l’introspection et à la mise en relief de ses effets sur notre quotidien.
Reste à savoir si nous serons capables de nous lancer dans une réflexion aussi profonde !
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