Réussir dans la vie : une aberration psychologique ?

« Réussir dans la vie » … Une expression vague, un costume bien difficile à porter pour la plupart d’entre nous.

Mais est-ce que cela signifie quelque chose ? Existe-t-il une définition consensuelle, unanime du succès ?

D’entrée de jeu, et quitte à en décevoir certains, je vais être franc : cet article n’est pas destiné à vous offrir une méthode pour agrandir le panel de vos possessions ou ajouter un zéro à votre compte en banque.

Non, ce que je veux entreprendre aujourd’hui, c’est une réflexion sur la perception que nous avons de notre propre vie, de notre parcours.

C’est d’ailleurs l’un des fondements de mon blog : la réussite est personnelle.

Elle n’a de réalité que celle que nous lui conférons, que nous fabriquons.

Cela m’amène à un constat simple et indiscutable : réussir dans la vie, c’est parvenir à traverser son existence en restant au contact de ses propres valeurs et en tirant une certaine jouissance à travers leur reconnaissance par les membres de notre environnement.

La voilà donc la véritable interrogation qui me pousse ce jour, à vous interpeller : qu’en est-il pour vous ?

Quelle est votre définition du succès ?

1. Réussir dans la vie : la question financière et sociale

La première image qui nous vient en tête quand on évoque une vie paisible et épanouissante, c’est la stabilité.

En France le modèle traditionnel de la famille est une valeur forte.

Si vous demandez à de jeunes adolescents ce qu’ils entendent par « réussir dans la vie », la plupart évoqueront le fait d’avoir des enfantsune belle maisonune grosse voiture et un chien, pour compléter le tableau.

Et si l’argent ne fait pas le bonheur, il est certain qu’il contribue fortement à faire de cette idéalisation une réalité.

Il nous faut donc « bien travailler à l’école pour avoir un bon métier » .

Cette idée est ancrée si profondément dans la conscience collective, qu’elle est diffusée partout dans notre environnement et largement relayée par la publicité.

Niveau de revenu et position sociale sont des facteurs d’expression de la réussite contemporaine.

Je me souviens d’ailleurs d’une anecdote, qui en dit long sur ce phénomène.

J’étais en 6ème et je revenais de l’école avec mon bulletin scolaire. Très fier de moi, je n’avais qu’une seule note en dessous de la moyenne : un 8.

Quand mon père a vu cela, il m’a jeté le tout à la figure en me disant que si je continuais sur cette voie, il me serait impossible de réussir dans la vie, que j’allais devenir éboueur.

Comme si le succès personnel dépendait d’une appellation, d’une nomenclature professionnelle.

Les ressources financières sont évidemment un matelas, un outil pour égayer notre quotidien. Mais je ne pense pas que leur surplus définisse le bonheur.

Conforter cette vision, c’est renier l’aspect psychologique et individuel de l’être humain.

Quid du développement personnel, de la capacité à s’affirmer dans son environnement ? À nouer des rapports sociaux ? À bénéficier de temps libre et à s’épanouir avec ses proches ? À prendre confiance en soi ?

Je n’ai pas un revenu mirobolant et pourtant, plus les jours défilent, plus j’ai l’impression d’être en passe de réussir ma vie.

Je vis aujourd’hui de mes écrits, j’ai une partenaire fantastique et des amis en or.

Certes, je suis bien loin de ma vision première de ce que l’avenir devait me réserver: un poste de cadre dans un cabinet de placement.

J’aurais certainement gagné le double de ce que je perçois maintenant et puis le costume, c’est toujours impressionnant…

Mais est-ce bien là l’important ?

Le but n’est pas de faire dans la démagogie. Il est évident qu’il faut un minimum de ressources pour vivre décemment.

Mais rien ne justifie cette course au « toujours plus », cette idée qui ferait de la réussite un mécanisme palpable, évaluable selon le nombre de zéros qu’on peut aligner sur un chèque.

Et si réussir dans la vie, c’était tout simplement se donner les moyens de vivre ses passions, de choisir de faire ce que l’on aime et d’accepter le fait qu’être riche ne convient pas nécessairement à cet idéal ?

Personnellement, travailler 60 heures par semaine, même si c’est pour qu’on m’appelle « Mr le Président » et pouvoir boire du champagne tous les soirs, ne correspond pas à l’idée que je me fais d’une vie enrichissante.

2. Réussir dans la vie : la question matérielle

Si l’aspect matériel rejoint la notion de ressources, c’est sur notre incapacité à reconnaître le succès que j’aimerais attirer votre attention.

Pour nombre d’entre nous, réussir sa vie signifie empilercollectionner, multiplier les achats pour se sentir exister.

Si ceci s’explique aisément dans une société basée sur l’utilisation à court terme, le progrès technique et où la notion même de matérialisme semble régir les rapports humains, il convient de replacer cette réflexion dans un cadre plus large.

Demandez-vous : la personne qui choisit de limiter ses possessions dans l’optique d’aider les populations dans le besoin, celle qui préfère le confort d’une maison spartiate, s’épanouissant au contact de la nature, ou celle dont la vie tient dans une valise, mais qui voyage sans arrêt… est elle malheureuse ?

Ces exemples définissent-ils pour vous des échecs ? Une certaine marginalité peut-être… tout au plus.

Et si réussir dans la vie, c’était avant tout être en accord avec soi-même ?

Se découvrir personnellement, se donner la chance de faire des expériences, même si ces dernières vont à l’encontre des mouvances populaires ?

À l’âge de 20 ans, j’ai parcouru l’Europe avec l’un de mes meilleurs amis. Notre première destination: Toulon.

Là, nous avons travaillé sur un yatch pendant un mois. Suite à cela, direction l’Italie, l’Autriche, la Hongrie, l’Allemagne, la Slovaquie…

Le tout avec quasiment rien en poche. Dormant tantôt chez l’habitant, tantôt sur la plage, tantôt dans des trains et parfois à l’hôtel ou en auberges de jeunesse.

Nous ne possédions rien. Ma vie se résumait à mon sac de voyage (que je me suis fait voler en Hongrie, d’ailleurs). Cela faisait-il de nous des parias ?

Ce qui est certain, c’est que cette expérience fut l’une des plus enrichissantes de toute mon existence. Sans elle, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui.

La leçon que j’ai apprise ? C’est dans son esprit et dans son cœur qu’on prend la mesure de ce que signifie réussir dans la vie.

3. Comment allez-vous réussir dans la vie ?

Nous revoici au point de départ, avec cette même interrogation. Que signifie réussir dans la vie ?

La réponse n’existe pas. Du moins pas dans un sens que nous pourrions partager ensemble.

Nous n’avons qu’une seule vie et il nous revient de la vivre comme nous l’entendons. Pour certains, cela signifiera bénéficier d’une certaine reconnaissance sociale.

Pour d’autres, être capable de créer quelque chose de leurs mains… ou élever des enfants en pleine santé.

À ce niveau, rien n’est figé.

Ne vous laissez pas influencer par ce que peuvent penser vos voisins.

Le regard des autres et la peur du risque sont toujours des éléments poussant à relativiser notre définition d’objectifs.

Comme si nous devions faire non pas ce que nous voulons, mais ce qu’on attend de nous.

Il est temps de penser à vous, à votre propre perception d’une vie épanouie, enrichissante.

Réussir dans la vie, ce n’est pas répondre à un idéal collectif, c’est construire sa propre définition du bonheur et en faire l’expérience, quoi que cela implique.

Alors laissez-moi, encore une fois, vous poser la question : que signifie pour vous, réussir dans la vie ?


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